segunda-feira, 25 de junho de 2007

Musée d'Art moderne: Rodtchenko de l'avant-garde à l'art officiel


Le titre de l’exposition Rodtchenko, "La Révolution dans l’œil", au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, on ne sait pas trop bien par quel bout il faut le prendre... Restons dans une définition copernicienne, à savoir qu’Alexandr Rodtchenko a accompli de 1917 aux années cinquante, en URSS, le tour complet de la création d’une avant-garde artistique à son effacement par le stalinisme.

Au départ est le constructivisme, cette idée sœur cadette du futurisme et du cubisme, enfantée par les "soviets plus l’électricité" de la révolution léniniste d’Octobre 17. Avec Malevitch, Maïakovski, Rodtchenko en est le premier partisan. Le constructivisme se veut la création d'"usines vivantes de l’esprit humain: dans les rues, les tramways, les ateliers, les habitations des travailleurs, etc."

A partir de cette "factory" idéologique dédiée au service du plus grand nombre, le peintre Malevitch dessine des modèles de vaisselle, le poète Maïakovski dirige des symphonies de sirènes d’usines, Rodtchenko invente des vêtements "constructivistes".

En 1924, Rodchenko, après la peinture et la sculpture, s’oriente vers la photographie avec pour projet "d’effectuer une révolution dans notre pensée visuelle". Rien que ça... Par des plongées, des contre-plongées, des gros plans, des prises de vue en diagonale, aériennes, et des angles non conventionnels, suivant les préceptes de son ami cinéaste Dziga Vertov, il renverse les bienséantes perspectives en usage dans la photographie mondiale. Sans oublier les photomontages.

L’œil est à l’apogée de sa révolution. C’était sans compter sans "la ligne générale" émise par Staline, ligne politique simpliste, nationaliste, édifiée pour éliminer tous les opposants et toutes les oppositions, et en premier lieu hommes et idées universalistes d’octobre 1917.

En 1927, le journal Sovietskoi Foto dénonce Rodtchenko comme, ce qui va devenir un classique, "plagiaire de photographes bourgeois". Il y répond dans un texte riposte et manifeste à la fois, titré "Grande Inculture ou petite vilenie?" Ce n’est pas fini. Petites calomnies et grandes persécutions se succèdent. Maïakovski se suicide en 1930. Malevitch meurt désespéré en 1935.


Rodtchenko se tourne après 1932 vers des thèmes "réalistes socialistes": chantiers géants de construction, défilés et sports de masse... "La Jeune Fille au Leica" (1934) est un au revoir courtois à une esthétique, une idée du futur... Ses dernières photographies, sur le cirque, sujet sans enjeu, sont des impasses techniques et formelles. En 1951, il est exclu de l’organisation de la Société des artistes soviétiques. Il est réhabilité, en 1954, après la mort de Staline. Il meurt en 1956. Rideau. De fer.

Rodtchenko, "La Révolution dans l’œil", exposition de près de 300 photos, au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris (organisée avec le concours de la Maison de la photographie de Moscou), 11, avenue du Président Wilson, Paris XVIe - jusqu'au 16 septembre - 10h-18h sauf lun., le mer. jusqu'à 22h, les ven. et sam. jusqu'à 20h. - 3,5€/5,5€. - Rens.: 01-53-67-40-00. - plan. - catalogue disponible le 29 juin.

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