quarta-feira, 18 de abril de 2007

Mme Royal cherche à assurer un second tour face à M. Sarkozy

LE MONDE 18.04.07 11h20 • Mis à jour le 18.04.07 12h31

a campagne, jusqu'au bout. Décidée à accrocher par le bouton de la veste les électeurs qui hésitent encore, Ségolène Royal a lancé la semaine des "déclarations" : tous les jours depuis le 16 avril, la candidate socialiste convoque les journalistes pour annoncer des mesures ciblées. Dix ou quinze minutes d'intervention, pas plus. Pas de question.
Nicolas Sarkozy, lui, travaille ses fondamentaux. Pas de nouvelles propositions mais un martèlement de ses "valeurs". Il a déjà la tête ailleurs, vers ce deuxième tour pour lequel le candidat UMP s'imagine déjà qualifié. Les réunions quotidiennes à son QG y sont désormais entièrement consacrées. Dans le camp Royal, où le "fantôme" du 21 avril 2002 continue de peser lourdement, on se garde bien d'afficher une telle assurance.AUCUNE PISTE N'EST NÉGLIGÉE La candidate arbore en public une indéfectible confiance, mais n'oublie pas d'appeler à la mobilisation pour un "vote conscient" dans toutes ses interventions. "J'ai besoin de vous !", lance-t-elle à l'issue de ses meetings, en demandant aux militants de convaincre autour d'eux. "Rien n'est joué" pour la place en finale répète de son côté le premier secrétaire du parti, François Hollande, pour qui l'argument du vote utile constitue un puissant levier dans l'électorat de gauche. Sarkozy, Royal deux méthodes et un objectif pour chacun : la volonté pour le premier d'arriver en tête au soir du 22 avril et pour la seconde de "faire le plus gros score possible".
Entre deux meetings, Mme Royal fait feu de tout bois. Lundi était consacré aux crimes sexuels, mardi à la réduction du train de vie de l'Etat, mercredi 18 avril devait être le jour du temps partiel des femmes dans la grande distribution, jeudi, celui de "l'Etat impartial"… Des annonces que d'aucuns au PS jugent tardives, voire inutiles dans les derniers jours mais qui répondent à une stratégie bien précise : accrocher au dernier moment, grâce à une mesure qui ferait "tilt" les électeurs indécis – quitte pour cela à annuler en rafale une série d'entretiens avec différents médias. Mme Royal n'hésite pas : depuis 2002, les socialistes sont convaincus que tout se joue dans la dernière ligne droite, voire les derniers instants, d'une campagne et qu'il faut, jusqu'au bout, rester très réactif. Et puis la phase "participative" ayant pris du temps, le temps des annonces, pour l'équipe Royal, n'est pas clos.
Aucune piste n'est négligée. Mme Royal est la seule candidate à avoir répondu à l'invitation du club 21e siècle, sorte de Rotary Club composé de Français d'origine étrangère qui militent pour la diversité depuis trois ans. Mardi 17 avril, la candidate s'est rendue au dîner-rencontre organisé en son honneur à Paris.
Avantage : ce club, présidé par Hakim El Karoui, ancienne plume de Jean-Pierre Raffarin, réunit des médecins, des chefs d'entreprise, des universitaires, "de droite comme de gauche" – et donc, potentiellement, des personnes à convaincre. Et ce d'autant mieux que l'annonce, par M. Sarkozy, de son intention de vouloir créer un ministère de l'identité nationale et de l'immigration a fait quelques dégâts dans les rangs de ces militants de la diversité. "J'ai une demi-heure, faites-moi passer des messages, c'est de ça dont j'ai envie", a lancé à son arrivée la candidate qui était accompagnée de sa conseillère spéciale, Sophie Bouchet-Petersen. Mme Royal en avait aussi un à faire passer : "J'ai besoin de vous pour les emplois tremplins et lutter contre le chômage des jeunes". "Donnant-donnant", comme elle dit.NICOLAS SARKOZY DÉJÀ DANS L'APRÈS 22 AVRIL
Au QG de Nicolas Sarkozy, on est déjà dans l'après 22 avril. Les villes-étapes de l'entre-deux tours sont déjà choisies : Dijon, Paris, Montpellier, Clermont-Ferrand recevront la visite du candidat de l'UMP à partir du 23. Dans un entretien au Figaro, le 16 avril, il a fixé son objectif pour le 22 : "Arriver en tête avec le plus d'avance possible". Patrick Devedjian est plus modeste : "Notre score plancher, c'est le plafond de Chirac. Cela laisse une marge." En attendant, pas de prise de risque. En visite en Moselle, mardi 17 avril, le candidat UMP a travaillé ses fondamentaux, et les mots qu'il faut adresser les uns aux autres. Deux discours aux ouvriers. Le premier sur le carreau Wendel, une mine fermée en 1986; le second dans une usine de chauffage.
Face aux "gueules noires" retraitées, il vante "la culture ouvrière", "la solidarité des copains". "Le mot travail ne m'écorche pas la bouche." Face aux ouvriers, il reste dans le même registre se permettant même le luxe de leur dire : "Vous et moi nous sommes pareils, nous voulons marcher la tête haute". Sûr de lui, il lance : "Il y a encore trois semaines…" En meeting, le soir même devant un public estimé par l'UMP à 7000 personnes, M. Sarkozy prépare son entre deux tours. Pour appâter les centristes et traditionalistes, il leur vend une France faite de "2000 ans de civilisations chrétiennes intégrée à la morale laïque". Il évoque "le long manteau d'Eglise" qui recouvre le pays. Cite Péguy, l'auteur fétiche de François Bayrou. Dans le Figaro, il se fait plus précis en s'adressant directement à ses électeurs : "Ne vous laissez pas voler vos idées, ne vous laissez pas voler votre bulletin de vote. Refusez d'être entraînés dans une alliance qui irait de Besancenot à Royal." Plus menaçant aussi à l'égard du président de l'UDF et des députés qui le soutiennent : "S'il se confirme qu'il est à gauche, on en tirera les conséquences. S'il revient à droite, aussi."
Isabelle Mandraud et Philippe Ridet

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